donnez-leur vous-mêmes à manger

Conditions de vie en Géorgie

Dans les villages et le long des routes, nous observons beaucoup de gens qui semblent désœuvrés. Ils discutent, par petits groupes d’hommes et de femmes, jeunes ou plus âgés, tandis que les enfants jouent à cache-cache ou au ballon.

Parmi les maisons habitées, comme en témoigne le linge étendu, nombre d’entre elles sont dans un état de vétusté avancé, faute de moyens pour les entretenir. Désabusés par les guerres successives, les gens perdent courage.

Néanmoins, certains potagers, bien cultivés, promettent une bonne récolte. La terre semble très fertile en bien des lieux. Toutes sortes d’arbres fruitiers : pêchers, figuiers, amandiers, noyers, pruniers, cerisiers promettent une récolte abondante, mais les débouchés du marché, surtout à l’exportation, sont très aléatoires. Le jardinage individuel est indispensable, et constitue souvent le meilleur moyen de survivre. Levan compare la vie en Géorgie à ce que nous connaissions au Moyen Âge en France. Il y a bien l’électricité, mais pas suffisamment le soir pour chauffer assez d’eau pour doucher deux personnes. L’eau du robinet étant parfois légèrement trouble, nous allons remplir nos bouteilles en eau potable au tuyau de captage d’une source sûre.

Ce qui marque le plus, c’est l’omniprésence de la vigne, souvent cultivée en tonnelle dans les cours, outre les vignes aux alentours des villages. La viticulture est une tradition ancestrale en Géorgie.

Chaque villageois a sa propre production, entre 100 et 500 litres/an. Contrairement à l’Ukraine, les chrétiens sont autorisés à en consommer très modérément, mais tout excès de la part d’un chrétien est sévèrement sanctionné.

Au long de nos déplacements, nous rencontrons de grands troupeaux de moutons et chèvres, de vaches et de cochons en liberté, à qui il vaut mieux laisser la priorité sur route ! L’ennui c’est que les gens n’ont pas la possibilité d’acheter cette viande, trop chère. De plus, l’exportation se faisant mal, là encore, les revenus sont insuffisants.

L’inactivité liée au chômage, les difficultés matérielles quotidiennes, la crainte de la guerre, sont autant de facteurs conduisant à la dépression. Le recours à l’alcool, anxiolytique naturel, est très tentant. La tristesse marque la plupart des visages. Les hommes sont souvent fort négligés dans leur tenue. Certains sont ivres bien avant la nuit. Ceux qui tentent de “s’en sortir” essaient la vente de leur production personnelle devant leur maison ou sur les places, le long des routes. D’autres ouvrent une boutique où tout peut coexister : l’huile de vidange à côté de l’huile d’olive pour la salade, en passant par un peu de vaisselle ou de linge. D’autres vendent des graines de tournesol dont ils sont très friands.

Levan explique que pour les besoins d’une famille, il faut compter 300 à 400 dollars par mois pour vivre décemment. Beaucoup ont à peine 100 dollars. Avec ses poulets, son jardin et le verger, Levan peut assurer une nourriture saine à ses enfants, en faire bénéficier les membres de l’église, et, parfois, vendre quelques produits dans le voisinage.