donnez-leur vous-mêmes à manger

Rencontre avec quelques familles de réfugiés sur Tbilissi

Les réfugiés sont souvent las d’être pris en photo par les visiteurs étrangers, car ils ne sont pas plus aidés ensuite. Cependant, un premier couple âgé nous reçoit. Ils ont perdu leur fils lors de la guerre de l’été 2008. La femme en larmes raconte qu’ils n’ont même pas pu aller se recueillir sur sa tombe. Elle apprécie l’aide de la part de Marina et Levan pour le fils de son frère, né pendant la guerre (couches, savon... etc.), mais aussi pour les autres personnes invalides et malades, avec lesquels elle partage. Leur village était l’épicentre de la guerre et du bombardement de la région de Gori. Elle a crié vers Dieu et, dans la nuit, ils ont pu s’échapper. Elle est infirmière et travaillait à l’hôpital. Elle ne voulait pas partir, ayant une belle maison. Mais, quand le bombardement a commencé, ils ont pris la fuite. Quatre avions ont attaqué son village et, en fuyant, elle a vu sa maison en flammes... Maintenant elle survit grâce à un petit commerce improvisé.

Levan nous explique que, dans un premier temps, il apportait de l’aide matérielle aux réfugiés. Puis, au bout de deux mois, ceux-ci lui ont demandé qui ils étaient pour les aider ainsi. Ils ont été très surpris d’apprendre qu’ils étaient protestants. Cependant, il est difficile d’annoncer l’Évangile, de façon publique, en raison de la pression exercée par les orthodoxes et de leurs menaces. Il est préférable de le faire en privé. Les popes sont très virulents. Ils sont capables de jeter ou de déchirer les bibles qui leur seraient offertes. Les gens sont poussés à rejeter les évangéliques qui sont accusés d’être une secte.

La marge de manœuvre est très limitée. Les réfugiés, qui n’ont pu être relogés dans des petites maisons individuelles construites en hâte, ont été accueillis dans des lieux publics désaffectés, tels que des écoles ou cet ancien hôpital de l’armée Russe que nous visitons. Ici vivent 100 familles dans des conditions extrêmement précaires. C’est un autre monde, nous dit Levan. Les locaux ressemblent fort à une prison avec leurs grands couloirs et les chambres de part et d’autre. Chaque famille occupe une des anciennes chambres de malades. Ils disposent d’un lit, à peine d’un placard et d’une petite table… Marina s’efforce d’en aider quelques-uns, les plus nécessiteux. Elle les visite régulièrement et, deux fois par mois, Levan l’accompagne et donne des soins gratuits. Marina essaie de leur apporter de l’affection. Elle espère ainsi, petit à petit, les conduire au Seigneur.

Dieu peut et veut encore se glorifier avec cinq pains et deux poissons ! Mais acceptons-nous les lui confier ?

Louis et Marie-Thérèse Pelzer
Philippe et Marie Duvergé