Les rapports de nos frères et sœurs d’Ouzbékistan provoquent en nous à la fois de la peine et de la joie. Car dans chaque article, la vie jaillit, la vie initiée par notre Seigneur Jésus. La vie malgré la tempête et la détresse.
Malgré la tempête et la détresse
Cela ne tient qu’à un fil
Le but de notre voyage était de redonner du courage à nos frères et sœurs en Christ qui habitent les régions reculées du pays. Arrivés sur place, bien que nous nous soyons séparés, chacun de nous fut pris en filature toute la journée. Nous étant réunis le soir chez le pasteur de la communauté, de violents coups ont été frappés à la porte d’entrée. Dieu merci, quelques frères venaient de quitter l’appartement par la porte arrière.
Notre hôte, le pasteur Azamat, s’est dirigé vers le fort contingent de miliciens en uniforme et de fonctionnaires en civil ; nous nous sommes mis à prier. Pour moi, c’était évident que les fonctionnaires allaient nous emmener. Mais je m’inquiétais surtout pour Umida, la femme du pasteur, qui était prête d’accoucher de son cinquième enfant.
À mon grand étonnement, Umida resta calme comme si tout cela devait normalement se dérouler ainsi. Son mari venait d’être appréhendé à deux reprises. J’ai alors pensé : plutôt que de consoler cette sœur, c’est nous qui sommes encouragés par une telle attitude !
Les agents publics nous ont interrogés et ont contrôlé attentivement nos identités, notant tout dans leurs fichiers, puis ils nous ont relâchés. Azamat a dit ensuite : « C’est la première fois qu’ils n’emmènent aucun de mes invités ». Le lendemain, cependant, il devra se rendre au poste de la milice pour un nouvel interrogatoire.
J’ai aussi pris conscience d’un point important : nous devions faire amende honorable lorsque, pour des raisons non fondées, nous ne nous rendions pas au culte. Pour de nombreux chrétiens ouzbeks, chaque présence au culte constitue un danger et le risque d’être malmené et arrêté. C’est le prix à payer. C’est ainsi qu’ils vivent dans ce contexte tendu.
Pasteur G. Tschen
L’interrogatoire
Nargisa (photo) vit sa foi de façon courageuse et heureuse. Elle est devenue chrétienne il y a seulement trois ans. Veuve, elle a trois fils, adultes aujourd’hui. Les deux plus âgés ne sont pas encore chrétiens. Assumant une charge administrative enviable, ils ont dit à leur mère : « Nous t’aimons en tant que mère, mais souviens-toi que ton activité nuit à notre réputation. »
À la suite de l’arrestation de son plus jeune fils, en avril 2010, lors d’une excursion du groupe de jeunes, elle s’attend aussi à subir un interrogatoire. Jusque-là, elle priait courageusement : « Seigneur, éprouve ma foi. »
Cependant, sa convocation par la milice fut une grande surprise pour elle. Avant l’interrogatoire, elle passa toute la nuit à prier.
Les trois officiers, encore jeunes, savaient tout de Nargisa :
– Que voulez-vous nous dire sur l’arrestation de votre fils ?
– Est-ce que mon fils a trop bu avec ses amis ou a-t-il été retrouvé dans un état de débauche ?
– Non, mais de tels voyages sont interdits sans un laissez-passer officiel.
– Pourquoi n’exigez-vous donc pas une autorisation pour participer à une beuverie qui détruit les gens ?
Le fonctionnaire ne savait que répondre et changea de sujet :
– Nous savons qu’il y a des réunions chez vous à la maison.
– Oui, j’invite quelques dames chez moi, elles se sentent aussi seules que moi.
Ma réponse spontanée avait quelque peu irrité l’agent.
– Nous savons que vous priez ensemble.
– Bien sûr que nous prions. J’aimerais d’ailleurs y inviter aussi vos mères. Puis-je exprimer ma prière ici en votre présence ?
Je vis la perplexité des officiers et priai brièvement le Seigneur, aussi pour eux. Le fonctionnaire me remercia et poursuivit :
– Est-il vrai que vous chantez aussi ?
– Oui, c’est vrai, mais c’est tellement mieux de chanter pour le Seigneur que de propager des calomnies !
Je me mis à chanter : « Dieu est mon abri et mon secours » en ouzbèk. Je ne pus retenir mes larmes. J’expliquai aux fonctionnaires ma vie passée difficile, la maladie incurable de mon plus jeune fils, et aussi comment des chrétiens nous ont rendu visite et ont prié pour mon fils, qui, depuis lors, est en bonne santé et est devenu chrétien. Je leur relatai aussi quelques témoignages et leur expliquai brièvement l’Évangile. Je les vis saisis à l’écoute de mes paroles.
Cependant, ils devaient terminer leur “programme” :
– Merci. Nous savons aussi que vous étudiez un certain livre.
– Oui, c’est l’Évangile. On peut lire au chapitre 13 du livre aux Romains que nous devons nous soumettre aux autorités...
Les fonctionnaires en avaient assez pour cette fois. Ils comptaient certainement que j’allais leur livrer une information par mégarde. Mais Dieu m’a donné la force de leur témoigner avec clarté et ils ont été désarmés.
Lorsque je me suis retrouvée dehors, mon cœur chantait de joie vers mon Seigneur pour m’avoir donné la possibilité de témoigner de la Bonne Nouvelle à ces trois jeunes gens.
Les persécutions incessantes dans notre pays provoquent une peur paralysante chez quelques chrétiens. Leur témoignage perd en force. Mais, si les satanistes peuvent consacrer leurs âmes à leur maître cruel pour une ruine éternelle, combien plus pouvons-nous servir fidèlement notre Dieu aimant et tout-puissant !
Gultchechra